Progrès dans la lutte contre le paludisme

Une équipe de chercheurs de l’Université de Bath, en collaboration avec des scientifiques américains, révèle, dans le journal Genetics, comment une bactérie manipule le contenu génétique des hôtes qu’elle infecte. Connue sous le nom de Wolbachia, cette bactérie est un parasite qui infecte près de 80 % de la population mondiale d’insectes, chez lesquels elle modifie les mécanismes de reproduction dans le but d’optimiser sa propre transmission, qui passe par les femelles de l’espèce.

Ces scientifiques de l’Université de Bath apportent leur pierre à l’édifice grâce à la découverte que l’infection par la bactérie était responsable de la modification de deux gènes chez la drosophile. Leur étude est originale en ce qu’elle reproduit artificiellement l’augmentation de l’expression d’un gène nommé Zipper, habituellement observée chez les mâles infectés par Wolbachia. L’expérience a consisté à chauffer légèrement les larves de drosophiles transgéniques pendant environ une heure, à une étape bien particulière de leur développement. Loin d’affecter le développement des larves, cette expérience permet de mimer les effets de la bactérie Wolbachia en l’absence de celle-ci. Les scientifiques ont ainsi découvert que Zipper interagit avec un second gène, nommé IgI. Chez le mâle infecté, l’équilibre entre ces deux gènes est modifié, et conduit à une incompatibilité cytoplasmique du sperme avec celui d’un ovule provenant d’une femelle saine. La fécondation ne peut alors avoir lieu. En revanche, si la femelle est elle-même infectée, cette incompatibilité se trouve de fait « annulée » et la fécondation a lieu. Dans ce cas-là, on observe un plus grand nombre d’œufs pondus que lors d’une fécondation entre individus sains, augmentant ainsi la transmission du parasite.

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Moustique Stegomyia aegypti (formerly Aedes aegypti) piquant un être humain.
Source : www.traveldoctor.co.uk/malaria.html

Bien entendu, l’un des problèmes majeurs rencontrés par les scientifiques qui étudient la bactérie provient du fait que celle-ci ne peut être étudiée en dehors de l’hôte puisqu’elle utilise la machinerie cellulaire de ce dernier. De plus, les effets de l’infection varient en fonction des espèces étudiées, suggérant que la bactérie pourrait agir sur des voies de signalisation distinctes selon les espèces. Chez la coccinelle à deux points, par exemple, Wolbachia tue les mâles à la naissance et les femelles s’en nourrissent alors que chez le Limnoria (genre de ver à bois), les mâles prennent des caractéristiques femelles.
Les scientifiques espèrent que cette découverte permettra à moyen terme d’agrandir le champ de compréhension du mécanisme de transmission du parasite responsable du paludisme chez l’Homme, notamment celui relatif aux mécanismes biochimiques impliqués dans ces changements. Cette recherche a été financée par le Biotechnology and Biological Sciences Research Council (BBSRC), la Royal Society et la National Science Foundation (NSF).

Source : Université de Bath, Press release, 25/07/06, www.bath.ac.uk

publié le 17/11/2008

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