Les cellules souches seront-elles la pierre philosophale ?

Dans une étude publiée dans le journal Nature, une équipe de chercheurs basée à l’Université d’Edimbourg rapporte que le gène Nanog est capable de modifier l’information génétique de cellules adultes en cellules souches embryonnaires pluripotentes. C’est la première fois qu’une étude permet de démontrer le rôle direct d’un gène spécifique dans la reprogrammation de cellules matures en cellules « naïves ».

L’équipe, dirigée par le professeur Austin Smith, a utilisé la technique de fusion cellulaire dans le but d’identifier les gènes responsables de ce phénomène de reprogrammation (événement qui reste cependant très rare) et de pouvoir le rendre plus efficace. La fusion cellulaire est un processus biologique qui, tel le remplacement de noyau cellulaire (méthode de clonage utilisée par Ian Wilmut en 1986 pour créer la brebis Dolly), peut conduire à la reprogrammation de l’information génétique d’une cellule spécialisée en une cellule naïve. Ils ont choisi d’étudier la protéine Nanog en raison de son rôle déjà connu dans la formation précoce de l’embryon et des cellules souches.

Techniquement, les scientifiques ont fusionné des cellules souches embryonnaires de souris avec d’autres cellules souches nerveuses, avant d’ajouter Nanog dans le milieu de culture. Le nombre de cellules hybrides, se comportant comme des cellules souches embryonnaires, c’est-à-dire ayant acquis la capacité de se différencier en plusieurs types cellulaires, augmentait alors drastiquement. Selon le professeur Smith, cette caractéristique démontre que l’information génétique des cellules spécialisées a été remplacée par une information de cellule « naïve », comme celle existant chez l’embryon à un stade précoce. Les mécanismes biochimiques et physiologiques par lesquels la protéine Nanog agit sur ces cellules ne sont pas connus à l’heure actuelle, mais les scientifiques espèrent qu’à l’avenir, il sera possible d’effectuer de la reprogrammation cellulaire sans passer par les techniques de fusion cellulaire ou de clonage. Selon eux, il s’agit toutefois d’une étape majeure qui permet d’envisager une régénération de tissus ou d’organes endommagés utilisant les cellules du patient.

Par ailleurs, la UK Stem Cell Initiative (UKSCI) a étudié de près les forces et faiblesses de la recherche sur les cellules au Royaume-Uni. Le rapport publié en novembre 2005 offre onze recommandations. La dixième recommandation concerne la création et le financement de la UK Stem Cell Cooperative visant à maximiser les interactions entre les sous-disciplines s’intéressant à cette recherche.

Les conseils de recherche ont collectivement établi un fonds commun pour répondre à cette recommandation, même si aucun accord n’est encore en place entre eux et le gouvernement. Cependant, l’ensemble des acteurs a un intérêt stratégique à ce que la Cooperative serve de forum pour l’ensemble de la communauté britannique travaillant sur les cellules souches. Ces acteurs sont les conseils de recherche (Biotechnology and Biological Sciences Research Council, BBSRC, Medical Research Council, MRC), le Department of Health (DH, Ministère de la santé), l’Office of Science and Innovation, (OSI) et le Department of Trade and Industry (DTI, ministère du Commerce et de l’Industrie).
Représentant l’ensemble des parties prenantes gouvernementales et administratives, le BBSRC a lancé une large consultation dont le but est d’entendre l’opinion de la communauté impliquée dans cette thématique de recherche et de connaître les souhaits et attentes d’une telle Cooperative : sa mission, ses activités, sa gouvernance, sa gestion, etc.

Sources : Institute of Stem Cell Research, Université d’Edimbourg, Press release, 12/06/06, www.iscr.ed.ac.uk ; Nature, Vol. 441, pp 997-1001, 22/06/06, www.nature.com

publié le 17/11/2008

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