Une nouvelle base de données renforce la surveillance des britanniques

Le ministère de l’intérieur britannique travaille sur un projet de loi qui permettrait la création d’une base de données recensant les appels téléphoniques, les mails et tout l’historique des navigations web des internautes britanniques. La police et les services de sécurité pensent que grâce à ce système, il sera plus facile d’accéder à de nombreuses données devenant de plus en plus complexes. Un porte-parole du gouvernement a précisé qu’il est d’une importance cruciale "que les autorités publiques aient accès aux données essentielles dans la lutte contre le terrorisme et les enquêtes faisant suite à des crimes". Les informations recueillies seront centralisées et mises à disposition des services de sécurité. Ces derniers pourront accéder aux 12 derniers mois de communications des britanniques sans passer par les nombreuses compagnies de télécommunication et fournisseurs d’accès internet. Cependant, l’accès à ces données ne pourra se faire sans l’autorisation de la justice. Ce projet de loi doit être examiné par les députés avant la fin de l’année.

Ce type de base de données va ajouter un nombre considérable d’informations sur une population déjà considérée sous surveillance. Ce nouveau projet de loi vient compléter l’extension de la loi sur les pouvoirs d’investigation de 2000 (Regulation Of Investigatory Powers Act 2000) réalisée fin 2007, qui imposait l’enregistrement des informations telles que l’heure, la date ou encore le lieu des appels téléphoniques ainsi que leur stockage pendant un an.

Cependant, de nombreuses questions aussi bien dans le domaine éthique que technique restent sans réponse. De nombreuses associations, notamment Privacy International, organisme défendant les droits de l’homme, considèrent que ce projet de loi est un pas important vers une société sous surveillance. L’efficacité de ce système est remise en cause par de nombreux spécialistes de la sécurité informatique. Parmi eux, Chris Mayers, chef de la sécurité chez Citrix Systems, précise qu’"une telle base devrait en effet faire face à une double menace, venue de l’intérieur et de l’extérieur. Plus des personnes y auront accès, plus les risques seront présents". En effet, suite aux différentes pertes de CD contenant les informations personnelles de centaines de milliers de britanniques, on peut mettre en cause la capacité du gouvernement à garder ce type d’information sans les perdre ou se les faire voler. D’autres spécialistes pointent du doigt la difficulté de gérer une base de données aussi importante. On estime à plus de 57 milliards le nombre de SMS envoyés au Royaume-Uni en un an et à plus de 3 milliards le nombre de mails envoyés par jour.



Sources :
- BBC News, 20/05/2008
- Times Online, 20/05/2008


Rédacteur : Abdelkader Hadj Sadok

publié le 19/08/2008

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