> Le Royaume-Uni face aux fortes inondations de cet été - juillet/août 2007

Plusieurs régions du Royaume-Uni, parmi lesquelles l’Irlande du Nord, le sud du Pays de Galles, le Yorkshire, le Gloucestershire et l’Oxfordshire, ont subi de graves inondations pendant les mois de juin et juillet 2007, suite aux fortes précipitations qui ont touché l’ensemble du pays durant l’été. Les dégâts matériels causés par cet été extrêmement pluvieux – mai, juin et juillet 2007 ont été les trois mois consécutifs les plus humides jamais enregistrés dans l’histoire de la météo britannique – sont considérables, ce qui provoque de vives réactions de la part des populations, concernant l’impuissance du gouvernement à anticiper ce type d’évènement et à adapter les infrastructures afin de limiter les conséquences.

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A l’image de Thatcham, le sud du Royaume-Uni a été lourdement frappé par les inondations.

Ainsi, les principales lacunes identifiées par le gouvernement à partir des témoignages de scientifiques et d’acteurs locaux sont :

  • le manque de connaissances dans la compréhension des causes des inondations ;
  • la dispersion des responsabilités des organismes et collectivités concernant les inondations en zone urbaine ;
  • le manque de fonds ;
  • certaines difficultés techniques dans l’adaptation des anciens bâtiments et anciennes infrastructures aux contraintes météorologiques extrêmes.

Concernant la première de ces problématiques, le Natural Environment Research Council (NERC, le Conseil de recherche sur l’environnement naturel) a souhaité publier un communiqué de presse le 27 juillet 2007, afin de rappeler qu’il finance déjà de nombreux projets de recherche, en cours ou devant voir le jour très prochainement, pour mieux comprendre les raisons de telles catastrophes au Royaume-Uni et analyser l’impact futur du changement climatique sur les tempêtes de ce type. Ces travaux sont concentrés dans quelques universités et centres de recherche, qui fournissent des données aidant l’Agence de l’Environnement britannique (Environment Agency) dans la prévision des épisodes d’inondation et la mise en place de moyens de protection en conséquence. Ce sont principalement :

  • les Centres pour l’Ecologie et l’Hydrologie (CEH, pour Center for Ecology and Hydrology) ;
  • le British Geological Survey (BGS, le service géologique britannique) ;
  • le Laboratoire Océanographique Proudman (POL, pour Proudman Oceanographic Laboratory) ;
  • les universités d’Aberdeen, Birmingham, Bristol, Glasgow, Loughborough, Newcastle, Queen Mary University of London, Reading, Sheffield et Ulster, qui possèdent chacune des installations de simulation d’inondations et étudient les différents phénomènes météorologiques et hydrogéologiques liés à ces catastrophes.

Les Centres pour l’Ecologie et l’Hydrologie

GIFLes chercheurs des CEHs, établissements présents sur sept sites répartis sur l’ensemble du territoire, travaillent principalement sur les impacts des activités humaines sur l’environnement naturel. Dans ce cadre, ils compilent les données pluviométriques mensuelles du Royaume-Uni et produisent des manuels à l’intention des acteurs impliqués dans la gestion de l’eau et des catastrophes naturelles, comme le Flood Estimation Handbook (manuel d’estimation des inondations) qui fournissent des moyens d’évaluation de la fréquence des inondations. En parallèle, ces centres coordonnent un important programme européen de 10 millions d’euros, WATCH, qui réunit 25 instituts de recherche et vise à étudier l’évolution du cycle de l’eau selon plusieurs scénarios d’évolution du climat pour les décennies à venir.

Le British Geological Survey

GIFLe rôle majeur du BGS consiste à fournir des informations fiables et précises, ainsi qu’un soutien technique au gouvernement, aux industriels, mais aussi aux individus, afin de les aider dans leurs prises de décision en matière de risque environnemental. Dans le domaine hydrologique, le BGS privilégie deux sortes d’informations : les indicateurs géologiques d’inondation (Geological indicators of flooding) et les indicateurs liées aux eaux souterraines. A partir des données obtenues par identification de la nature des sols et par l’étude du comportement des eaux souterraines, le BGS a réalisé des cartes complètes repérant les zones à plus fort risque d’inondation (Geological Indicators of Flooding Map, GIFMap). Ainsi, cet été, les chercheurs du BGS ont initié une campagne de photos aériennes des zones inondées, pour comparer celles-ci avec la GIFMap. Le résultat attendu est une localisation précise des régions susceptibles de subir de futures inondations.
Par ailleurs, le BGS mène un projet concernant la saturation des nappes phréatiques à Oxford. Les travaux entrepris consistent à examiner les facteurs qui contrôlent la fréquence des épisodes de saturation des nappes d’eaux souterraines dans la vallée d’Oxford. De même, ce projet vise à étudier la corrélation entre l’écoulement des eaux souterraines et les crues des rivières, l’objectif final étant de permettre à l’Agence de l’Environnement de mettre en place des mesures efficaces de prévention des inondations dans cette région.

Le Laboratoire Océanographique Proudman

Cet établissement situé à Liverpool héberge plusieurs programmes de mesures et de recherche concernant l’élévation du niveau des mers et les inondations côtières. Un de ses principaux programmes implique la réalisation de campagnes de mesures en continu sur tout le littoral britannique, avec pour objectif d’aboutir à une banque de données sur les variations du niveau des mers et rivières (en milieu côtier). Les chercheurs du POL sont également en charge, en collaboration avec l’Agence de l’Environnement, du système d’alertes Storm Tide Forecasting Service (Service de prévision des grandes marées de tempête). Ce système permet d’avertir les collectivités locales 48 heures à l’avance, afin de prendre des décisions d’urgence pour la mise en place de moyens de défense temporaires : le meilleur exemple de ce principe est le barrage mobile sur la Tamise (Thames Barrier) qui protège la ville de Londres des inondations possibles en période de très fortes marées.
D’autre part le POL travaille actuellement avec le Hadley Centre du Met Office (service britannique de météorologie) dans le cadre du programme Thames Estuary 2100, dont l’objectif est de mettre en place une stratégie de gestion des risques d’inondation liés aux fortes marées pour Londres et l’estuaire de la Tamise. Dans ce contexte, les deux établissements cherchent à concevoir des modèles informatiques visant à choisir les meilleures protections possibles pour la Tamise en fonction des changements du niveau des eaux d’ici cent ans.

Le principal programme de financement du NERC permettant de soutenir l’ensemble des activités citées précédemment est FREE (Flood Risk from Extreme Events, c’est-à-dire les Risques d’inondation liés aux évènements météorologiques extrêmes). Son objectif est l’amélioration des estimations, des prévisions et la réduction des incertitudes face aux risques d’inondation liés aux évènements extrêmes, à travers la prise en compte de tous les facteurs météorologiques, hydrologiques et océanographiques pertinents.

Selon Hilary Benn, le nouveau Ministre de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales, il est nécessaire « de tirer des leçons à partir de ce qui vient de se passer et [les] conclusions tirées devront être robustes et approfondies. ». En effet, il paraît indispensable d’analyser en détail le comportement des eaux lors des inondations de cet été afin de mettre en place les bonnes solutions dans les prochaines années. C’est bien ce sur quoi travaillent les chercheurs des instituts et universités présentées dans cet article, tout en observant également les données géologiques et météorologiques du Royaume-Uni et en plaçant le phénomène d’inondations dans le contexte du changement climatique. De multiples mesures d’aménagement du territoire devraient donc être prises dans les dix prochaines années, pour parer à ce genre de catastrophe. Pour débuter, Hilary Benn a annoncé, début août 2007, le lancement immédiat d’une revue de la situation de juin-juillet (Flooding Review) menée par le Cabinet Office (Ministère en soutien du premier ministre), le Defra (Department for Environment, Food and Rural Affairs, c’est-à-dire le Ministère de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales) et le Department for Communities and Local Government (Ministère des collectivités locales).

Auteur : Xavier THIERRY


Sources : Defra, News Stories, 08/08/2007, www.defra.gov.uk ; NERC, Briefing Notes, 27/07/2008, www.nerc.ac.uk ; Defra, Ministers’ statements, 26/07/2007, www.defra.gov.uk

publié le 11/09/2007

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