Création à Londres d’un nouveau centre de pointe pour la recherche médicale

Le gouvernement britannique a annoncé le 5 décembre 2007, par la voix de son premier ministre Gordon Brown, qu’il soutiendrait et faciliterait la construction d’un centre unique pour la recherche médicale, le UK Centre for Medical Research and Innovation (UKMRI, Centre britannique pour la recherche médicale et l’innovation) ). Ce soutien prendra la forme d’un acte de vente : en effet, le gouvernement a accepté de vendre un terrain lui appartenant, ancien site de la British Library attenant à la nouvelle gare Eurostar de St Pancras.

1. Le UK Centre for Medical Research and Innovation s’invente…

Ce centre, dont la construction devrait coûter près de 500 millions de livres (environ 700 millions d’euros) et se terminer en 2013, regroupera sur un même site géographique environ 1 500 des meilleurs scientifiques du pays grâce à un partenariat entre le Medical Research Council (MRC, conseil de recherche en charge de la recherche médicale), Cancer Research UK (CRUK), le Wellcome Trust (WT) et University College London (UCL). Les équipes scientifiques viendront du MRC, du CRUK London Research Institute et de UCL. Le WT quant à lui financera des chercheurs dans le centre.

La programmation scientifique de ce centre sera dirigée par Sir Paul Nurse, prix Nobel de médecine en 2001 et actuel président de l’Université Rockefeller à New York. En lien avec les hôpitaux de Londres, son équipe devra renforcer les collaborations entre la communauté scientifique et le National Health Service (NHS, Service de santé national). Les collaborations s’étendront également à Singapour (avec Biopolis), Harvard (avec la Allston Initiative) et Shanghai (avec le parc industriel scientifique).

L’objectif de ce regroupement est d’accroître la connaissance et de faciliter les avancées scientifiques afin d’accélérer le développement de nouveaux traitements pour des maladies menaçant à la fois le Royaume-Uni et les pays en voie de développement : SIDA, grippe aviaire, maladies bactériennes comme les méningites et la tuberculose, mais aussi cancers, attaques cérébrales, maladies cardiovasculaires et diabète. Par ailleurs, les missions de ce centre seront de former les médecins-chercheurs de demain, qui pourront alors traduire les résultats de recherche en bénéfices pour la santé de la population, et de disséminer la culture de la recherche et de l’innovation auprès du public et de promouvoir l’enseignement des sciences pour les enfants du quartier.

2. … mais des questions restent en suspend

En raison de l’intérêt qu’ils portent depuis longtemps à l’avenir du National Institute for Medical Research (NIMR), les députés du Innovation, Universities and Skills Select Committee de la Chambre des Communes (comité IUS, anciennement le comité pour la science et la technologie) ont entendu l’ensemble des partenaires impliqué dans le projet. Par ailleurs, comme près des trois-quarts du financement de ce centre dériveront de fonds public, ils estiment qu’examiner ces propositions de près entre parfaitement dans leur mission.

2.1 Questions financières

Selon les députés, la question du financement de ce centre n’a pas encore reçu de réponse satisfaisante. La raison majeure provient de l’accord atteint par les deux parties qui stipule que le MRC devra reverser près de la moitié de son Commercial Fund, soit 92 millions de livres (environ 125 millions d’euros) dans le « fonds consolidé » du gouvernement, utilisé par le ministère des finances pour des programmes généraux (pour plus d’information sur ce sujet, cliquez ici ). Lors de son audition par le comité IUS, le Directeur général du MRC a indiqué que le MRC avait soumis en fin d’année 2007 une demande de financement du Large Facilities Capital Funds (LFCF), mais qu’il était encore trop tôt pour se prononcer sur la réponse qui sera donnée. Les députés s’inquiètent d’autant plus que cette demande de financement avait été faite avant que le gouvernement ne demande au MRC de reverser une partie de ses bénéfices commerciaux. Le IUS comité demande une explication au Ministère des finances concernant ce reversement de bénéfices.

De la même manière, CRUK a indiqué que son investissement dans ce nouveau centre, qui devrait s’élever à 160 millions de livres (environ 220 millions d’euros) repose en grande partie sur les fonds qui seront générés par la vente des locaux historiquement occupés par la charity dans le centre de Londres, Lincoln’s Inn Fields.

Les députés du IUS comité ont donc demandé à chacun des partenaires de leur fournir un décompte précis des différents engagements financiers avant de donner leur accord de principe au projet. Ils reconnaissent cependant que seul le MRC sera tenu de leur répondre, les trois autres partenaires étant des organisations privées.

2.2 Questions de gestion de projet et d’emploi du temps

Selon les députés du comité IUS, la première difficulté pourrait survenir en raison de la dépendance du MRC pour la subvention du LFCF. En effet, non seulement il s’agit d’un processus long et tortueux, mais dont la décision finale dépend d’un dossier commercial, qui lui-même dépend de l’achèvement de la phase de conception du projet. Or celle-ci ne sera pas démarrée avant la deuxième moitié de 2008.

Par ailleurs, le site pressenti se situe dans le quartier de Londres de Camden où les autorités locales auraient planifié de construire des logements. Les députés du comité s’inquiètent que celles-ci et les résidents du quartier s’opposent à la construction d’un centre de recherche médicale qui nécessitera une sécurité importante pour protéger les animaleries qui y seront hébergées.

2.3 Questions concernant la vision scientifique du projet

Enfin, la troisième question soulevée par les députés du comité IUS concerne les thématiques actuellement présentes dans les portfolios des différents partenaires qui risquent d’être supprimées lors de la relocalisation. Une commission sera formée, sous la direction de Sir Paul Nurse, pour déterminer l’orientation scientifique du centre. Les députés préconisent la nomination de scientifiques dans cette commission ainsi que les directeurs des instituts partenaires.

En raison des discussions difficiles qui ont caractérisé la question du devenir du NIMR il y a plusieurs mois, les députés souhaitent que les opinions du personnel du NIMR soient particulièrement prises en considération. Leur avenir semble cependant se clarifier. Le Chief Executive du MRC, Leszek Borysiewicz, a indiqué qu’ils seraient relocalisés sur le site de St Pancras dans la mesure où leurs thématiques de recherche entreront dans les grandes lignes du centre. Selon lui, il est cependant encore trop tôt pour connaître la proportion du personnel qui sera effectivement relocalisée. Il a assuré les députés du comité IUS que la priorité était actuellement de les garder informés des développements du projet.

Conclusion

Le comité IUS demandent de recevoir une mise à jour trimestrielle, à partir de mars 2008, des développements du projet, en particulier ceux touchant aux questions financières énoncées plus hauts entre le MRC et le DIUS.


Sources : MRC, Press release, 05/12/07, www.mrc.ac.uk ; Research Fortnight, 19/12/07, www.researchresearch.com

publié le 05/01/2009

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