> Zoonoses bovines : état des lieux concernant la tuberculose et l’encéphalopathie spongiforme, 08-03-2005

1. La tuberculose bovine

Le gouvernement britannique vient de publier un document établissant la stratégie à suivre pour dix années à venir afin de réduire l’impact économique de la tuberculose bovine (bTB) et maintenir une protection adéquate de la santé publique et de la santé animale. Développée en consultation avec l’ensemble des parties intéressées (gouvernement, vétérinaires, agriculteurs, groupes pour la conservation de la nature), cette stratégie a pour but de ralentir la proportion de bTB dans les régions où sa fréquence est élevée et d’empêcher sa propagation géographique dans les régions où elle n’est pas encore apparue.

La nouvelle stratégie remplacera les cinq plans d’action qui avaient été mis en place en 1998, à la suite de la publication du rapport « Bovine Tuberculosis in Cattle and Badgers » par le Professeur Sir John Krebs en collaboration avec l’« Independant Scientific Review Group ». Ces cinq plans d’action s’établissaient comme suit :

• mesures de protection de la santé publique incluant la pasteurisation du lait, l’inspection de la viande aux abattoirs et l’amélioration de la coopération avec le ministère de la santé dans le but de surveiller la fréquence d’infection humaine par la bactérie Mycobacterium Bovis (M. bovis, responsable de bTB) ;
• accent mis sur la recherche en vue du développement d’un vaccin contre M. bovis ;
• accroissement des connaissances scientifiques de la maladie elle-même, de sa transmission intra- et inter-espèces ;
• renforcement de tests réguliers de bTB au sein des troupeaux de bovins, abattage des animaux suspects ;
• essais randomisés d’élimination des blaireaux sauvages atteints de la maladie (« randomised badger culling trial », RBCT) dans le but d’évaluer si la diminution du nombre de blaireaux sauvages malades influence le nombre de bovins malades.

Malgré ces mesures, le gouvernement reconnaissait, en novembre 2004, le besoin d’actions à court terme et annonçait le lancement de mesures destinées à renforcer la surveillance et réduire le risque de transmission de bTB dans les zones saines :

• révision annuelle des calculs des délais entre répétition de tests de routine et assurance de leur conformité avec les règles de l’Union Européenne ;
• restrictions automatiques des déplacements de bétails lorsque le test bTB n’a pas été effectué dans les délais impartis ;
• approche plus rigoureuse et systématique concernant l’identification de « points chauds » potentiels de bTB dans les régions d’Angleterre et du Pays de Galles ;
• introduction de programmes de tests rigoureux pour les nouveaux troupeaux ou ceux reformés.

Dans la nouvelle stratégie à dix ans pour le contrôle de bTB, le gouvernement, en collaboration avec toutes les parties intéressées, a identifié 12 objectifs stratégiques, résumés en bref ci-dessous :

• s’assurer que les risques encourus sont minimum pour la santé publique ;
• avoir une approche régionale pour mieux combattre la maladie ;
• travailler en partenariat avec toutes les parties impliquées ;
• avoir un processus de décisions entièrement transparent ;
• mettre en place un processus efficace de contrôle et de surveillance des bovins ;
• développer, renforcer et s’appuyer sur les preuves scientifiques ;
• s’assurer d’un conseil scientifique indépendant ;
• s’assurer d’une communication efficace entre les niveaux locaux, régionaux et nationaux ;
• rendre les interventions gouvernementales transparentes et équitables en matière de coûts ;
• s’assurer que les standards pratiqués sont du plus haut niveau ;
• influencer et se conformer aux règles et législations européennes et internationales ;
• atteindre une compréhension globale concernant l’organisation de la santé des troupeaux, au sein des industries bovines et du corps professionnel des vétérinaires.

En plus de ces engagements de continuité, la stratégie à dix ans introduit un certain nombre de nouveaux engagements, à savoir :

• mettre en place un processus transparent pour évaluer si l’élimination des blaireaux malades sauvages est un point important à prendre en compte pour réduire la fréquence des bovins malades au sein des troupeaux. Un modèle valide devrait être prêt en 2006 ;
• communiquer avec le public, faire connaître les stratégies et décisions mises en place pour combattre la bTB ;
• établir un groupe de travail chargé de conseiller sur les nouvelles stratégies à mettre en place, d’ici la fin 2005 ;
• organiser des conférences de façon régulière pour améliorer la communication entre les différentes parties intéressées, la première prenant devant avoir lieu vers la fin 2005 ;
• publier annuellement les résultats et statistiques concernant la bTB ;
• établir un comité scientifique indépendant d’ici la fin 2006 ;
• améliorer la disponibilité de l’information concernant la bTB.


2. L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)

En plus des inquiétudes concernant la propagation de bTB, le Royaume-Uni continue de combattre activement les maladies du prion, en particulier l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (ESB), responsable de la forme humaine de la maladie de Creutzfeld-Jacob (MCJ). Le situation semble s’améliorer de manière progressive, à tel point que le gouvernement (par l’intermédiaire du DEFRA) vient de lancer une consultation publique, avec pour objectif final d’établir de nouvelles règles efficaces permettant de lever la règle des trente mois (« Over Thirty Months », OTM). Mise en place dès 1996, cette règle interdit tout animal né après le 1er août 1996 d’entrer la chaîne alimentaire pour la consommation humaine. Simultanément, des essais ont démarré dans six abattoirs du Royaume-Uni pour évaluer si ces nouvelles mesures seront efficaces aussi bien en pratique qu’en théorie. Selon celles-ci (décidées en coopération avec la « Food Standard Agency » (FSA) et le « Meat and Hygiene Service » (MHS), les abattoirs recevant des animaux de plus de trente mois d’âge à destination de consommation humaine devront être muni d’un « Required Method of Operation » (RMOP), accord légal exécutoire liant chaque abattoir au MHS, permettant :

• l’identification et la séparation des animaux en fonction de leur âge ;
• l’échantillonnage des troncs cérébraux ;
• la corrélation des échantillons aux carcasses et autres parties du corps ;
• la rétention de carcasses et autres parties du corps des animaux précédant et suivant un animal testé positif pour l’ESB ;
• la distribution des échantillons aux laboratoires agréés pour effectués les tests ;
• la réception des résultats des tests rapides effectués au sein des abattoirs ;
• la mise en place rapide d’actions nécessaires suite aux résultats des laboratoires, négatifs ou positifs ;
• l’extraction de la colonne vertébrale dans les établissements agréés ;
• la surveillance et l’efficacité des contrôles mis en place.

Avant toute levée de la règle des trente mois et l’abandon de l’interdiction d’exportation de bœuf britannique par l’Union Européenne, le DEFRA a commencé au début du mois de mars 2005 l’élimination systématique des bovins de cohorte, nés après le 1er juillet 1996 et présentant le risque d’avoir été exposé à la même alimentation que les animaux malades. On appelle « bovin de cohorte » tout animal né dans le même troupeau, au plus à un an d’intervalle, qu’un animal ayant été confirmé porteur du prion de l’ESB, ou tout animal élevé à proximité d’un autre identifié comme étant porteur du prion de l’ESB lors de la première année de sa vie.

Tout changement dans la règle des trente mois ne se fera pas avant la deuxième partie de l’année 2005, ou avant qu’un comité d’experts indépendants indique que toutes les actions nécessaires ont été mises en place.

Des informations supplémentaires sur la règle des trente mois peuvent être trouvées à l’adresse suivante : www.defra.gov.uk/animalh/publichealth/otm/review/index.html

Auteur : Claire Mouchot

Source : Department for Environment, Food and Rural Affairs, DEFRA, press release, 01/03/05 and 08/03/05, www.defra.gov.uk, http://194.247.95.101/consultations/agriculture/bsetfc-00.asp#a

publié le 27/05/2005

haut de la page