Les traumatismes de l’enfance « prédisent » les risques d’inflammation de l’adulte - jan 2007

On a longtemps suspecté que les mauvais traitements infligés à des enfants avaient des répercussions sur leur santé lorsqu’ils atteignent l’âge adulte. En particulier, les risques de développer des maladies d’origine inflammatoire étaient accrus, par exemple certaines pathologies cardiaques, le diabète ou encore des pathologies normalement associées à l’obésité de l’adulte. Ces effets ont été associés à une insuffisance de la signalisation des glucocorticoïdes, hormones représentant l’un des mécanismes anti-inflammatoire principaux de l’organisme. Des scientifiques s’intéressant à l’inflammation et à ses effets biochimiques dans la circulation sanguine ont donc cherché à déterminer s’il existait une relation de cause à effet entre des sévices chez l’enfant et les risques de maladies chez l’adulte, chez l’être humain.

Cette équipe, basée à l’Institute of Psychiatry de l’Université de King’s College London et dirigée par le Dr Andrea Danese, a suivi une cohorte de 1 000 individus depuis leur naissance jusqu’à l’âge de 32 ans, en Nouvelle Zélande. Au cours de cette étude longitudinale, les scientifiques ont pris note de tout facteur ayant pu créer un stress et mesuré les niveaux sanguins de la protéine C réactive, un marqueur inflammatoire connu pour être corrélé positivement au risque de maladie cardiaque.

Ils ont découvert que, chez les individus ayant été maltraités ou ayant été rejetés par la mère à un très jeune âge, les risques d’observer des niveaux significativement élevés de la protéine C réactive dans la circulation sanguine étaient deux fois plus élevés que chez des sujets contrôles. Ces résultats étaient indépendants de tout stress subi à l’âge adulte, ainsi que de l’état de santé à l’âge adulte.

La protéine C réactive
La protéine C réactive est une protéine floculant avec les polysaccharides extraits de la capsule du pneumocoque C. Elle apparaît dans le plasma sanguin aussitôt après l’introduction d’un antigène dans l’organisme, et disparaît lorsque se forment les anticorps. Elle existe dans le sang pendant la phase aiguë de nombreuses affections : maladie de Bouillaud, glomérulonéphrite, dermatomyosite, périarthrite noueuse, sclérodermie, endocardite subaiguë, leucémie lymphoïde aiguë, tuberculose pulmonaire, infarctus du myocarde, hépatite, cancer du pancréas et des voies biliaires.

Les scientifiques estiment par ailleurs à plus de 10 % de l’ensemble de la population les cas d’inflammations modérées qui pourraient être attribués aux sévices subis pendant l’enfance. Enfin, ils indiquent que la corrélation entre les mauvais traitements chez l’enfant et l’inflammation chez l’adulte s’étend aux quantités de fibrinogène et de globules blancs sanguins.
La réaction inflammatoire est une réponse naturelle non seulement à un traumatisme physique tel qu’une coupure ou une infection mais aussi à un stress psychologique. Selon Andrea Danese, ceci peut s’expliquer par le fait que le stress n’est autre qu’un mécanisme d’anticipation de la douleur. Il émet l’hypothèse qu’un stress présent de façon continue et constante pourrait conduire à une réduction de la synthèse de glucocorticoïdes. Son équipe va donc s’appliquer à en mesurer les niveaux chez ces mêmes personnes ayant subi de sévices au cours de leur enfance.


Sources : Proceedings of the National Academy of Sciences, Vol.104(4), pp. 1319-24, 23/01/07, http://intl.pnas.org ; The NewScientist, This Week, 20/01/07

publié le 17/11/2008

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